J'ai commencé il y a deux ans à essayer de travailler des peaux d'animaux dans l'idée de pouvoir les utiliser ensuite (vêtements, accessoires, etc.). Je cherche à garder les peaux avec les poils et non pas (au moins dans premier temps) à faire du cuir.
Je me suis orienté vers un tannage au sel marin (NaCl) et à l'alun (sulfate d'aluminium). Ce n'est pas à proprement parler du tannage mais plutôt du mégissage. Cette technique offre des avantages certains : les ingrédients sont très facile à trouver (l'alun peut s'acheter en pharmacie), le traitement des peaux est relativement rapide et ne demande pas de traitement particulier, mise en œuvre facile. Les inconvénients majeurs sont liés à la nature même du traitement, à base de sels d'aluminium solubles dans l'eau : le produit final ne doit pas aller dans l'eau ni être exposé à une trop forte humidité. L'impact sur la santé des sels d'aluminium étant sujette à caution, j'évite le contact direct avec la peau (à noter que le côté "poil" de la fourrure est rincé à l'eau claire donc en théorie exempt de traces d'alun ou de sel).
J'ai pour l'instant pu travailler des peaux de lapin, de chèvre et de mouton issues d'animaux élevés pour l'alimentation. Les dépouilles étant très souvent jetées après abattage, en récupérer ne pose pas de souci particulier. Il est préférable de travailler des peaux d'animaux jeunes.
La peau fraîche est dite verte, elle peut être travaillée immédiatement. Une peau sèche par contre doit être réhydratée, on la laisse alors une douzaine d'heures dans de l'eau. Pour la peau de lapin il convient d'enlever la décharne. C'est une opération assez fastidieuse qui ne peut se faire qu'à l'ongle en prenant bien garde de ne pas déchirer la peau !
Au départ, on a les peaux brutes. Ici j'ai récupéré les peaux juste après, mais il serait possible de travailler avec des peaux sèches, auquel cas on les tremperait 24h avant de les travailler.
On commence par ouvrir la peau en deux si nécessaire.
La première étape, l'écharnage, consiste à enlever la chair qui reste sous l'épiderme. La peau de lapin est fragile, on travaille à la main en décollant la peau avec l'ongle.
Et on progresse. Cette étape est longue et fastidieuse, il faut prendre garde à ne pas percer la peau.
On finit par obtenir une peau bien écharnée.
La peau est lavée à l'eau (et éventuellement au savon, puis rincée).
On place la peau dans le bain de tannage, ici une solution de sel et d'alun : 50g de sel et 60g d'alun par litre d'eau.
La peau reste 72h dans le bain. On la sort, on l'essore. Je rince ensuite rapidement le côté fourrure.
La peau est mise à égoutter. Régulièrement au cours des prochains jours il faut venir tester l'état de séchage et étirer la peau dans tous les sens.
Lorsque la peau commence à sécher il convient alors de la travailler pour l'assouplir. J'assouplis d'abord à la main en la tendant, puis je la travaille sur une lame plusieurs fois par jour. J'ai placé un hachoir bien affuté dans la presse de l'établi. Je prends la peau par les deux bouts et j'effectue des mouvements de va-et-vient.
Cette étape est très importante. Si l'assouplissement est mal fait on obtient une peau peu souple, cartonneuse. Il est alors possible de réhumidifier la peau avec de la solution de tannage pour la retravailler.
Il est difficile d'assouplir convenablement les côtés, je vais donc retailler la peau. Le côté avec les poils est brossé avec une simple brosse à cheveux.
Une peau de chevreau traité de la même façon :